Si vous lisez votre revue préférée lorsqu’elle traite de motorisation vapeur, en particulier de chaudières, vous avez pu voir que certains modélistes "s'amusent" à réduire l’épaisseur de celle-ci.
Pour avoir une idée de l’intérêt de cette pratique, j’ai effectué quelques calculs .
J’ai supposé que le corps de chaudière était construit à partir d’un tube de cuivre de diamètre extérieur de 100 mm , d’épaisseur 2 mm et de 200 mm de long.
Que se passe-t-il si l’on réduit l’épaisseur à 1 mm ?
Sur le plan de la mécanique :
Bien entendu le volume intérieur brut reste inchangé si l’on usine par l’extérieur, il reste de 1,448 dm3.
Le volume de cuivre passe de 123,15 cm3 à 60,946 cm3.
La masse de cuivre passe de 1,103 kg à 0,546 kg soit un gain indéniable de 0,557 kg, ce qui peut être intéressant pour la stabilité de l’embarcation.
Il est non moins indéniable que la tenue en pression sera elle aussi diminuée, mais ce n’est pas forcément critique si l’on se limite à des pressions basses.
D’autre part l’usinage est susceptible de créer des contraintes et des amorces de criques dans le métal. On peut espérer que le recuit lors de la phase de brasure vont atténuer ces contraintes
Sur le plan de la thermique :
J’ai supposé que le remplissage s’effectuait aux 2/3 du volume brut, ce qui correspondrait à 0,965 dm3.
Pour élever de 1° ce volume d’eau, il faudra lui fournir une énergie de 0,965 x 4185 = 4038,52 joules.
Pour élever le corps de chaudière de 1°C, il faudra :
- pour une épaisseur de 2 mm : 1,103 x 385 = 424,66 joules.
- Pour une épaisseur de 1 mm : 0,546 x 385 = 210,21 joules
Le gain en énergie est donc de : ( 424,66 – 210,21) / ( 4038,52 + 424,66) = 0,048.
Nota : je n’ai pas tenu compte du coefficient de conductivité thermique du cuivre, considérant que la chaudière n’est pas chauffée par l’extérieur, mais par tube(s) de fumée dont le diamètre sera au maximum de 20 à 22 mm, donc typiquement avec une épaisseur de 1mm.
Tout au plus le corps de chaudière réduit à 1 mm évacuera mieux les calories vers l’extérieur s’il n’est pas calorifugé, ce qui est très rare sur un bateau.
Ma conclusion :
Pour un gain thermique de 5%, cet usinage, pas simple à réaliser correctement, au prix d’une diminution de la tenue en pression est a réserver aux experts disposant d’un tour performant.
Il y a d’autres méthodes permettant d’améliorer le rendement : tubes de fumée a ailettes, tubes d’eau inclus dans le tube de fumée, etc…
D’autre part, ce gain thermique ne concerne que la montée en température de la chaudière, donc avant la vaporisation.
Quand la vaporisation se produit, le cuivre a atteint sa température, donc ne nécessite plus d’apport d’énergie.
Par contre pour évaporer 1 gramme d’eau à 2 bars absolus ( 120°C) , il faudra fournir 2200 joules .
L’incidence du volume de cuivre dans le bilan global est donc négligeable.
Mais si vous avez un avis différent, il serait souhaitable que vous l'exprimassiez.
Données utilisées :
Cuivre masse volumique : 8,96 kg par dm3
Chaleur massique : 385 joules par kg et par °C
Eau Chaleur massique : 4185 joules par kg et par °C
Chaleur latente de vaporisation à 2 bars et 120°C : 2200 kilojoules par kilogramme.