Etcheverry Adrien Sam 23 Nov 2013 - 18:36
Bonjour à tous,
Tout d'abord c'est "un ponton bigue" car il n'y a pas d'orientation comme
sur une grue tournante.
Pif 30 donne pas mal d'indications sur son fonctionnement mais pas sur les
différentes utilisations.
Quand on travail face au courant on aura besoin de 4 écarts soit deux sur
l'avant ses des ancres ou des plateaux posés au fond
pour ces opérations. Pour que les câbles travaillent correctement ils
doivent faire un angle maxi de 45° par rapport à l'axe. Pour ceux de
l'arrière
ils doivent avoir les mêmes angles si l'on doit avoir une renverse de
courant pendant les opérations de levage. On n'est pas obligé de
se servir de sa chaine de mouillage.
Par contre, si l'on doit travailler en travers du courant comme je l'ai fait
des centaines de fois sur la Garonne pour travailler sur les grues de quai
(enlèvement ou remise en place), sur des navires (avec des chargements de
colis lourds pris sur un quai, puis déplacement et amarrage sur
le navire) les manœuvres sont complètements différentes.
On va tout d'abord se présenter en face le lieu de travail (quai ou navire)
l'arrière au courant à une distance qui va varier en fonction de la tenue
des fonds de la rivière et cela peut aller de 100 à 150 mètres. Là on va
mouiller son ancre du guindeau (cette ancre a des pattes plus développer
pour bien crocher
au fond) et en tenant toujours son arrière au courant on va s'approcher du
quai ou navire en faisant filer la chaine. Une fois à la bonne distance on
va envoyer
le câble de l'écart avant qui passe dans des rouleaux de retour et le câble
de l'arrière qui passe également dans des rouleaux de retour. Ensuite on va
envoyer l'autre
écart avant qui lui ne passe pas par le rouleau de retour mais par le
central. Une fois ces trois écarts passés, on va virer sur la chaine pour
voir si elle tient bien au fond.
Le bord de la coque de la bigue est à quelques mètres du quai ou de la coque
du navire. Quand l'écart en direct est bien raidi et que le guindeau cale
sur sa chaine, là on va pouvoir commencer
à faire éviter la bigue en dévirant le câble arrière sans donner trop de
vitesse avec l'aide des hélices pour amortir un peu la giration. On aura
toujours un œil sur la chaine de mouillage
qui ne chasse pas. C'est cette chaine qui va passer sous la coque de la
bigue et qui va nous permettre de garder la distance que nous souhaitons
entre l'avant de la bigue et le quai ou la coque du navire.
Il faut comprendre, quand nous travaillons sur les grues de quai, elles sont
très proches du bord de quai et si nous nous tenions pas à une distance qui
est de près de 10 mètres du bord du quai
nous aurions une partie de la flèche qui viendrait buter sur la cabine. Il
en est de même pour les navires où nous devons faire attention au pavois et
pas venir buter lors d'une demande de
démâtage (où la bigue va en plus s'enfoncer de l'avant en éloignant la
charge). Si le travail de la prise ou la dépose reste dans une marée sans
changement de courant, on ne mettra pas
le deuxième écart à l'arrière. Très souvent, pour stabiliser la bigue, on
joue en positionnant la direction des hélices. Pour un déplacement souple de
la charge sur les crocs, on évite de
le faire avec les écarts qui sont sous fortes tentions mais avec l'écart
arrière qui va permettre une giration des crocs avec beaucoup de douceur. La
réussite de ces opérations tient surtout
à la bonne tenue de l'ancre qui va nous permettre de conserver cette
distance. La puissance des moteurs ne permet pas de garder cette distance
avec la puissance du courant que nous avons
par moment sur la Garonne. Il faut comprendre que nous travaillons avec des
colis pesant quelques fois plus de 200 tonnes à déposer à...5 cm près. Et
pourtant en connaissant parfaitement son engin,
on peut faire des opérations très sensibles.
Voila j'ai étais un peu long, peut être que quelques croquis peuvent faire
mieux comprendre certaines manoeuvres mais je pense que tout de même que
vous pourrez mieux vous mettre avec moi aux ...manettes.
Bien cordialement à tous
Adrien Etcheverry